27.09.2024. Joeri Zwerts, chercheur doctorant, a découvert que les concessions certifiées FSC abritent une population nettement plus importante de grands mammifères (y compris, menacés) en documentant méticuleusement le nombre d'animaux et en plaçant stratégiquement des pièges photographiques. Pour les mammifères de plus de 100 kg, tels que les gorilles et les éléphants de forêt, le nombre est 2,7 fois plus important dans les concessions certifiées FSC que dans les forêts non certifiées.
Elle est également significative pour les mammifères de 30 à 100 kg, tels que les léopards et les chimpanzés, pour lesquels le nombre est 2,5 fois plus important dans les concessions certifiées FSC.
Le nombre d'animaux plus petits observés était le même dans les concessions FSC et non FSC, ce qui indique que ces dernières forêts présentent moins de biodiversité. Les résultats sont comparables au Gabon et en République du Congo.
Ci-dessous, la deuxième partie de notre entretien avec Joeri Zwerts, actuellement professeur assistant à l'université d'Utrecht.
IHC : Au cours de vos recherches, avez-vous remarqué la présence ou l'absence d'un plus grand nombre d'espèces que celles qui peuplent normalement la forêt tropicale ?
JZ : La différence dans la diversité des espèces était aléatoire. Le bassin du Congo est une zone relativement interconnectée. Il y a des villes et des routes, mais pas autant qu'ailleurs. La chasse existe, mais les espèces ne disparaissent pas. C'est aussi la raison pour laquelle l'étude est si solide : les études précédentes ont examiné la diversité des espèces pour montrer l'impact du FSC, mais nous devons aussi tenir compte de la taille des populations.
IHC : Si l'aménagement des forêts est la principale raison de la construction de routes dans le bassin du Congo, les routes entraînent-elles invariablement une déforestation et une perte de faune ?
JZ : Nous ouvrons des routes, ce qui crée une pression de chasse, mais nous pouvons aussi gérer les routes pour alléger cette pression. C'est un choix. Il faut le faire. Les routes créent également des différences de microclimat : des vents plus forts, un climat plus sec. Il est important de conserver des zones sans routes.
IHC : Au cours de vos recherches, vous avez dû rencontrer des éco-gardes et des communautés locales. Comment ont-ils perçu le travail que vous faisiez ?
JZ : Les gens ont des perceptions différentes. Les forêts sont perçues comme étant une ressource inépuisable, elles seront toujours là. En Europe, les forêts ont été replantées. Notre perception est donc différente. J'ai rejoint les écogardes pour une mission de trois jours contre le braconnage afin d'apprendre comment ils travaillent. Dans certaines régions, des séances de sensibilisation sont organisées dans le cadre de la stratégie des écogardes pour expliquer pourquoi certaines espèces doivent être protégées. Cela permet d'aligner la perception et la motivation locales en matière de protection. Il pourrait y avoir un manque de perspicacité ou d'ambition dans la réalisation de cette protection. Préoccupations plus immédiates : les régions économiquement difficiles à vivre.
IHC : Combien d'années avez-vous passées à voyager ? Quelle est la durée maximale que vous avez passée dans une forêt ?
JZ : Nous avons commencé en 2017 (janvier) et beaucoup de préparation a été nécessaire. Nous sommes allés sur le terrain en 2018 pendant 4 ans. Lors de la crise du COVID-19, je n'ai pas été autorisé à entrer au Congo pendant 8 mois. La plus longue durée a été de 12 jours d'affilée : un camp chaque soir dans un endroit différent : trouver de l'eau, cuisiner, démanteler le camp, commencer à marcher avec les pièges photographiques.
IHC : Qui étaient vos guides ?
JZ : J'avais 60 employés recrutés localement, y compris des guides locaux munis de machettes. Nous avons entendu beaucoup d'histoires et appris que de nombreuses plantes sont comestibles et ont des valeurs nutritionnelles et médicinales différentes. Les habitants connaissent la forêt sur le bout des doigts. Certaines plantes nous étaient totalement inconnues, mais les villageois les connaissaient. Je suis toujours en contact avec certains d'entre eux.
IHC : Avez-vous rencontré beaucoup d'animaux ?
JZ : On remarque effectivement beaucoup d'animaux, même s'ils font attention à ne pas être vus.
La forêt est un grand jeu de cache-cache : les grands animaux n'ont pas besoin d'être extrêmement prudents, mais même les gorilles le sont lorsqu'il s'agit de protéger leurs petits. Nous avons croisé un gorille, un grand dos argenté, assez intimidant. S'il avait décidé d'attaquer, nous n'aurions rien pu faire. On voit des planeurs, des oiseaux, des scorpions. Ou alors, vous les entendez - les chimpanzés crient. Les chimpanzés sont très curieux. Parfois, on marche pendant des kilomètres sur les pas des éléphants. Les éléphants ont des coussins sous leurs pieds, ce qui fait qu'on ne les entend pas vraiment. Ils sont capables de se déplacer dans la forêt en silence. Quand on les voit, on devrait reculer doucement.
Un jour, alors que nous marchions le long d'une route destinée à la récolte, un léopard est entré dans la forêt à l'endroit même où nous nous dirigions. Nous avons toujours veillé à garder un feu allumé pendant la nuit.
IHC : Comment expliquer la présence d'animaux dans les concessions utilisées pour la récolte et la transformation du bois ?
JZ : Les éléphants sont si intelligents qu'ils savent où se réfugier. Ils ne traversent jamais les routes qu'ils savent dangereuses. Lorsqu'une éléphante s'est aperçue (grâce à des colliers GPS) qu'elle avait traversé une route dangereuse, elle a couru 14 fois plus vite que son rythme normal. C'est peut-être aussi la raison pour laquelle il y a tant d'éléphants dans les concessions FSC !
IHC : Avez-vous constaté la présence d'animaux dans/à proximité/autour des zones de récolte ? Et en dehors des zones de récolte ? Y avait-il moins ou plus d'animaux ?
JZ : Nous n'avons pas regardé cela. Après la récolte, il y a des pousses fraîches et des plantes facilement appétentes. C'est intéressant pour les mangeurs de feuilles comme les gorilles. Les animaux sont donc mobiles et peuvent revenir. Ils peuvent être effrayés, mais ils sont généralement capables de revenir. J'ai essayé d'éviter les zones d'exploitation forestière.
IHC : Avez-vous constaté la présence d'Ebola ou d'autres virus dans l'une ou l'autre de ces zones ?
JZ : En 2002 ou 2000, il y a eu une épidémie d'Ebola au Gabon et 90 % des primates sont morts. Il faut beaucoup de temps pour que les espèces se rétablissent localement. La récolte amène les gens dans les forêts et nous devrions empêcher la propagation des maladies.
IHC : Quel est l'impact du changement climatique sur les espèces forestières, les arbres et les animaux ?
JZ : Des études montrent que la fructification ralentit en raison de la hausse des températures. Si les températures ne sont pas assez basses, il n'y aura pas de fleurs et donc pas de fruits. Cela peut également entraîner des conflits entre les animaux et les humains. Ce sera l'objet de mes prochaines recherches.
IHC : Pourquoi, selon vous, les concessions classiques comptent-elles moins d'animaux que les concessions certifiées FSC ? S'agit-il d'une coïncidence ou d'un modèle ? Quelle pourrait en être la cause ?
JZ : La différence réside dans les mesures mises en œuvre. Fermeture de routes, patrouilles anti-braconnage, incitations à trouver d'autres sources de protéines, contrôles des véhicules, etc. Dans les forêts gérées par le FSC, la protection de la forêt est contrôlée de l'extérieur (le processus est connu sous le nom d'audit) là où le besoin est le plus grand, c'est-à-dire dans la forêt elle-même.
IHC : Nombreux sont ceux qui s'appuient sur l'observation par satellite pour déterminer si une forêt est en bonne santé (ou non). Pourquoi la recherche sur le terrain est-elle importante ?
JZ : L'observation par satellite doit faire partie intégrante d'une évaluation qui inclut d'autres aspects. On met trop l'accent sur la télédétection. Ce qui se passe sous la canopée ne peut pas être détecté à distance ! Prenons l'exemple de la santé des forêts. Les routes peuvent être gérées de manière à ne pas compromettre la faune et la flore. Il est possible de conserver l'intégrité écologique.
Bien sûr, l'exploitation forestière a toujours un effet temporaire. Dans l'ensemble, pour la majeure partie de la concession, les impacts peuvent être atténués. Toutefois, des zones vierges doivent être préservées.
IHC : Pensez-vous qu'il serait bon de répéter la recherche dans les mêmes concessions ?
JZ : Il y a tellement de questions de recherche à aborder : la durabilité des stocks de bois, les conflits entre l'homme et l'éléphant, la longévité des concessions certifiées FSC (que se passe-t-il si une certaine entreprise s'en va) ?
IHC : En fin de compte, que devrions-nous faire pour mieux protéger les animaux et les forêts ?
JZ : Revenons aux données que nous produisons : OUI, il existe des moyens de protéger efficacement les espèces les plus vulnérables de la forêt. NON, il n'y a aucune raison de ne pas protéger la faune.
IHC : Comment voyez-vous l'avenir des concessions certifiées FSC dans le Bassin du Congo ?
JZ : La mise en œuvre du FSC garantit que les forêts restent saines, que la faune prospère et que les communautés vivent dans et de la forêt. D'après nos résultats, il n'y a pas d'autre solution : tous les pays forestiers devraient obtenir la certification FSC. Il est impératif que la faune et la flore de ces forêts restent protégées. Personne ne profite des forêts vides.
IHC : Si les animaux que vous avez photographiés pouvaient parler, que diraient-ils ?
JZ : Les animaux ont une valeur intrinsèque, ils ont le droit d'exister. Les populations riveraines pratiquent la chasse depuis des millénaires et devraient continuer à le faire. La faune est importante pour l'apport en protéines. Ce qu'il faut éviter, c'est la chasse commerciale. Nous avons le devoir de réduire notre impact sur les animaux !
Les forêts ont besoin d'héros : rejoignez-nous pour assurer la sauvegarde des gorilles !
Nous nous efforçons de mettre les « forêts en avant » ‘Forests Forward’, avec le WWF, tout en protégeant des habitats précieux et la faune. Cela ce fait de concert avec les communautés environnantes dans trois pays d'Afrique centrale.
Faire un don au WWF : adoptez un gorille aujourd'hui !
A propos d'Interholco
La mise en valeur d’une forêt naturelle de 1,16 million d’hectares en République du Congo Brazzaville est l'ADN chez INTERHOLCO. Comme producteur certifié FSC® (Forest Stewardship Council®, FSC® C022952), PEFC et PAFC, INTERHOLCO est un acteur reconnu et identifié dans la commercialisation de ses produits plots délignés, avivés, bois lamellés-collés, lames de platelage et de terrasse, etc.
Nous sommes une force de proposition pour des produits bois à haute valeur 'Made in Africa' accompagnés d’une déclaration de performance environnementale et de santé (FDES). Nos équipes gèrent avec précaution la chaîne d’approvisionnement de la forêt jusqu’au client. Notre histoire s'illustre pleinement en donnant aux habitants de la région de Ngombe accès à un meilleur mode de vie. Nous proposons des supports pour façonner et construire un milieu de vie sain issus de matériaux biosourcés et écocitoyens, une des véritables solutions pour la planète et le climat. Suivez-nous sur LinkedIn !
Contact média Interholco
Tullia Baldassarri Höger von Högersthal
INTERHOLCO AG, Neuhofstr. 25, 6340 Baar, Switzerland
Tel.: +41 (0)41 767 03 82
E-mail: Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser.