25.05.2020. Derrière son masque bleu, l'éco-garde sourit : amassés à l'arrière de sa camionnette sous le soleil brûlant, 40 crocodiles nains sont sur le point d'être remis en liberté. Avant d'être relâchés dans la rivière Sangha, ils doivent être réhydratés à l'aide d'une aspersion d'eau. Avec le museau attaché, ils ont la chance d'être encore en vie. « Cela pourrait montrer que les crocodiles nains, une espèce partiellement protégée au Congo, n'étaient pas seulement destinés à l'abattage pour le marché local d'Ouesso, mais plutôt à la contrebande », affirme José Blanchard BOKANDZA.

Depuis aout 2018, il coordonne l’Unité de Surveillance et de Lutte Anti-Braconnage (USLAB), composée d’une quarantaine d’éco-gardes qui veillent au respect de la loi tout en patrouillant la forêt gérée par INTERHOLCO au travers de sa filiale IFO, au Nord de la République du Congo. Comment le COVID-19 a-t-il changé la manière dont la forêt est sauvegardée ? « En temps de COVID-19, le port de masque est obligatoire partout sur le site industriel, y compris en forêt pendant la récolte. Le plus important c’est que les masques protègent les hommes et les animaux contre le risque d'infection ».

Bien que les origines du COVID-19 ne soient pas encore prouvées, il y a de fortes indications d'une source animale sauvage et d'un lien direct avec le commerce d'animaux sauvages. Plus précisément, une grande partie des premiers cas en Chine concernait des personnes qui avaient travaillé ou visité un marché de Wuhan où des animaux sauvages étaient en vente. Les premiers résultats des recherches ont mis en lumière une possible transmission zoonotique, c'est-à-dire le passage de la maladie de l'animal hôte à une nouvelle espèce.

Légal ou illégal, le commerce d'animaux sauvages peut être très lucratif. Tout récemment, le pénis de crocodile était encore consommé dans les restaurants exotiques de Malaisie à 58 dollars l'unité, comme l'a rapporté le National Geographic. Les tanneries de Singapour sont toujours avides de crocodiles, de caïmans et d'alligators d'Afrique ou d'Indonésie, de Papouasie-Nouvelle-Guinée et de Colombie. La peau de reptiles est un article convoité sur le marché asiatique, où, comme l'a révélé l'ONG de défense des droits des animaux PETA Asia, les marques de luxe produisent des portefeuilles, des ceintures, des sacs, des vêtements, des chaussures...

Les risques de transmission de maladies animales à l'homme ne sont pas négligeables lorsque les animaux d'élevage sont importés légalement. Et encore moins là où les animaux sont introduits clandestinement sur le marché noir, dans de mauvaises conditions de transport et sans quarantaine. Selon l'ONG TRAFFIC, spécialisée dans le commerce des animaux sauvages, les conditions sont essentielles, c'est-à-dire la manière dont les animaux sont gardés ensemble.

Dans les forêts du Nord du Congo, les animaux sauvages sont encore une source importante de protéines pour les populations autochtones qui n'ont pas accès à une grande variété alimentaire. En attendant que les autorités gouvernementales adoptent des mesures adaptées aux risques, l'équipe sociale d'IFO se rend auprès des habitants des forêts, menant des campagnes de sensibilisation en langues locales. « Les villageois sont inquiets, » affirme Timothée Epoutangongo, lui-même d'origine Baaka et membre de l'équipe sociale d'IFO. « Nous leur conseillons de ne pas consommer de viande crue et d'éviter de cuire les animaux malades. Nous leur demandons de préférer la viande des animaux domestiques locaux ». Bien sûr, la chasse est un droit. Mais qu'en est-il du gorille, de l'éléphant de forêt, du petit crocodile et de toute autre espèce intégralement protégée ? « Les habitants des villages savent très bien quels animaux ils peuvent chasser pour leur subsistance, » précise Mr. BOKANDZA. « En outre, ils chassent de manière traditionnelle. Les contrebandiers et les braconniers, en revanche, disposent d'armes de guerre provenant de pays étrangers, même lointains ».

La peur de la contagion a le pouvoir de freiner le trafic d'animaux, surtout maintenant que la demande mondiale a saturé la capacité de la logistique et du commerce à faire face au COVID-19.

Joignons les forces pour actualiser les stratégies de lutte contre le braconnage, il faut agir ensemble, maintenant, pour mettre fin au commerce illégal d'animaux sauvages !

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A suivre...

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